Propos de la Présidente de la FOKAL à l’occasion de la commémoration du 14ème anniversaire du séisme de 2010

IMG 1729Le vendredi 12 janvier 2024, la Fondation Connaissance et Liberté - FOKAL a rendu hommage aux victimes du séisme survenu en Haïti le 12 janvier 2010. Au cours de cette cérémonie tenue à la Maison Dufort, la Présidente de la FOKAL, Michèle Duvivier Pierre-Louis a prononcé un discours empreint d’émotions. Nous publions in extenso les propos de Michèle Duvivier Pierre-Louis lors du quatorzième anniversaire de cet événement tragique.

12 janvier 2024

Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation.

Cette cérémonie de commémoration est, comme chaque année, un moment de recueillement et de réflexion. En cette date anniversaire, nous voulons rendre hommage aux centaines de milliers de disparus pendant le séisme du 12 janvier 2010.

14 ans déjà ! Et le temps n’émousse pas la douleur du manque et de l’absence.

En ces temps de mépris extrême pour la vie et la dignité humaine, nous voulons aussi penser à toutes les victimes de la terreur que nous vivons aujourd’hui, à ceux et celles qui ont perdu leurs familles, leur liberté, leur droit de disposer de leurs corps, leurs maisons, leurs moyens d’existence.

Nous pensons aussi à tous ceux, toutes celles qui ont dû fuir et fuient encore espérant trouver ailleurs, un mieux-être, souvent fantasmé. Mais il y a aussi NOUS, celles et ceux qui restent, au risque de leur vie. Et puis où aller lorsqu’on a fait le tour de ce qui se passe dans le monde ? Des illusions, nous en avons de moins en moins. Aussi faut-il tenter de faire monde là où c’est possible en créant des espaces communs de réflexion et d’action.

Au bout de ce tunnel obscur et meurtrier que nous traversons depuis des années, et plus encore depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010, nous avons souvent le sentiment de nous perdre, de ne pas croire à ce qui arrive à ce pays, à notre pays, mais de nous dire en même temps qu’il nous faut résister encore et toujours, et chercher quotidiennement ce coin de lumière qui nous éclaire et ne nous laisse pas sombrer dans la désespérance. Et ceci encore plus lorsque notre intégrité personnelle est menacée par la démesure de l’incompétence et de la corruption.

Depuis 2012, lors de la première commémoration du séisme au Mémorial du Parc de Martissant, j’ai été choisie pour dire les mots de bienvenue et saluer la présence des centaines de gens venant de partout faire acte de mémoire, afin que la catastrophe et ses effets ne sombrent pas dans l’oubli. La dernière fois que nous avons pu le faire à Martissant, c’était en 2020, en pleine matinée, presque sous « les boulets et la mitraille », dans ce qui commençait déjà à être un territoire inaccessible, confisqué à l’exercice de la citoyenneté.

Depuis lors, nous avons toujours marqué ce jour, d’une autre façon, en entreprenant un dialogue avec les jeunes, en commémorant le cinquantenaire du premier boat people d’Haïtiens et d’Haïtiennes débarquant dans un fracas sur les rives de la Floride. La longue traversée de luttes pour les droits, qui dure encore. Et la fuite continue, inexorablement, par tous les moyens.

Cette multitude de sauvetages individuels nous met face à un paradoxe dont il nous faut saisir les aspects contradictoires et en prendre la mesure. Nous savons que seule une vraie action collective citoyenne, réfléchie, stratégique, peut nous indiquer une voie de sortie et peut-être nous sauver. Elle tarde à naître car il nous faut surmonter tant d’obstacles y compris la méconnaissance que nous avons de notre histoire voire de nous-mêmes. Entretemps, les jeunes s’en vont, massivement sans connaître ce qu’ils et elles quittent, et la saignée continue.

Aujourd’hui, pour commémorer ce 12 janvier 2024, nous avons voulu de votre présence, nous avons voulu vous voir ici rassemblés pour se souvenir mais aussi profiter de ce moment particulier et le partager ensemble aussi fugace soit-il.

Se nan lide sa, n ap ofri n yon bèl matine mizikal. Yon gwo remèsiman pou tout moun ki kolabore nan prepare espektak nou pral viv la, espesyalman Michèle Lemoine, Gary Lubin ak Farah François ki travay san rete ak atis yo, ak teknisyen yo, epi ki konsevwa senografi an.

Koral FOKAL la pral chante pou kont li, men ak atis envite yo tou, NANM, Renette Désir.

Tanbou yo pral frape, pou nou sonje, pou nou imajine, pou nou reve, pou reveye nou, pou nou jwenn chimen nou, pou klere wout nou.

Notre endurance est mise à rude épreuve, mais nous devons continuer à nous maintenir matériellement et spirituellement et ne jamais cesser de cultiver notre disposition à l’étonnement, à l’émerveillement pour mieux s’extraire de la violence du monde.

Nous cherchons la lumière, mais peut-être qu’au bout du compte, elle est en nous.

Merci.

Michèle Duvivier Pierre-Louis

 

 

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