L’Ordonnance de Charles X expliquée par Michèle Pierre-Louis à la 20ème édition du festival Quatre Chemins

406311811 661552312759843 680323581262702648 nLa 20ème édition du festival Quatre Chemins s'est déroulée du 20 novembre au 2 décembre 2023 à Port-au-Prince, autour du thème « Rêver l'impossible : oser/rêver/pays ». Pour clôturer le cycle de conférences inscrit dans la riche programmation de cette année, les organisateurs avaient invité la Présidente de la Fondation Connaissance et Liberté - FOKAL, Michèle Duvivier Pierre-Louis, à animer une conférence autour du thème : « l’Ordonnance de Charles X : la dette, la double dette et la spirale ».

Dans son introduction, Michèle Pierre-Louis a d’abord remercié le directeur artistique du festival, Guy Régis Junior, pour son invitation et l’Institut Français en Haïti - IFH pour avoir accueilli cette causerie en son local à Bois-Verna. Elle a poursuivi en évoquant sa participation récente à une conférence au Ghana autour de la restitution des œuvres et artefacts volés à ce pays durant la période coloniale. Elle a présenté des statistiques montrant comment des puissances coloniales européennes telles que l’Allemagne, Belgique, Espagne, Italie, France, Pays-Bas s’étaient partagé les œuvres de leurs anciennes colonies.

Professeure dans son état, Michèle Pierre-Louis a présenté une documentation détaillée sur les événements ayant conduit à l'indépendance de la première République noire du monde, mettant en avant l'importance économique de Saint-Domingue au XVIIIe siècle. « En 1799, plus de 800 plantations produisaient du sucre et 3000, du café. Saint-Domingue produisait 40% du sucre mondial et 60% du café mondial après le Brésil », explique-t-elle. C’est pourquoi la France ne voulait pas perdre cette riche colonie des Caraïbes.

Devant l’échec de ses diverses tentatives de reconquête militaires, la France avait opté pour la diplomatie canonnière. En juillet 1825, le bateau français la Circée a accosté dans la rade de Port-au-Prince, escorté de deux goélettes équipées de 500 canons en vue d’imposer à Haïti l’Ordonnance de Charles X. Par cette ordonnance, Haïti était contraint de verser 150 millions de francs en or à la France pendant cinq annuités à raison de 30 millions l’an, alors que le jeune État indépendant, disposait de très peu d’argent dans sa caisse. Pour honorer son engagement, Jean-Pierre Boyer, président de la République d’Haïti a été contraint de contracter des prêts auprès des banques françaises avec des taux d’intérêts exorbitants.

Michèle Pierre-Louis a souligné qu’Haïti a eu recours aux denrées agricoles pour rembourser la dette extérieure, indiquant que plus de la moitié du budget national d’alors était consacrée à cet effet. Ce qui a provoqué le mécontentement des paysans dont les produits étaient fortement taxés.

Il a fallu attendre 1883 pour que les exigences de l’Ordonnance soient levées, à la suite de négociations ayant réduit la dette à 30 millions de francs. Durant l’occupation américaine d’Haïti, toutes les dettes du Pays ont été payées par les Américains qui devenaient ainsi les principaux créanciers d’Haïti. Par conséquent, ils ont pris le contrôle de l’économie haïtienne déjà asphyxiée par les prêts contractés dans les banques européennes.

Ce sujet passionnant a suscité beaucoup de réactions et d’interrogations parmi les écrivains, poètes, étudiants, professeurs et journalistes présents. Certains ont formulé des recommandations autour des procédures à mettre en place pour forcer la France à restituer cet argent. D’autres se sont montrés très sceptiques quant à sa gestion dans le sens des intérêts collectifs évoquant la corruption qui gangrène l’administration publique haïtienne.

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