Hommages à Islande Baptiste

Islande Baptiste 2017 c Edine CelestinSuite à l'annonce du décès soudain de Islande Baptiste, une pluie d'hommages a été recuillie auprès de ses anciens collaborateurs.trices, amis.es et collègues. FOKAL tient à partager ces mots profonds, qui témoignent à la fois de la douleur, du chagrin, de la reconnaissance et du respect ressentis envers cette grande dame qui nous a quittés bien trop tôt.

 

Pour Islande…

IMG 6785L’inéluctabilité de la mort n’enlève rien au choc produit par l’annonce du décès d’une personne proche avec laquelle on a partagé tant d’expériences. C’est ce qui m’est arrivé lorsque j’ai appris qu’Islande nous avait quitté.es. Je la savais gravement souffrante, mais la nouvelle m’a quand même frappée par son apparente soudaineté. C’est dire la difficulté que nous avons souvent face à l’imparable. Dans ce cas précis, je me suis laissée gagner par le sentiment d’un immense chagrin que je sais partagé par toutes celles, tous ceux qui l’ont connue.

Je ne saurais dire où et quand j’ai rencontré Islande Baptiste. Sans doute au Centre Culturel Pyepoudre où elle animait les multiples activités éducatives et culturelles, en secondant sa fondatrice et directrice Paula Clermont Péan. Je la revois accueillant les visiteur.es, toujours souriante mais toujours sérieuse, car dans cet espace dédié à la lecture, aux rencontres et aux spectacles, pas question de faire n’importe quoi. Elle avait une attention particulière pour les jeunes, écolières et écoliers du quartier qui fréquentaient assidument la bibliothèque et à qui elle prodiguait des conseils de lecture selon leur âge. Parce que Islande avait une passion de la lecture. Dans la foulée des souvenirs qui me reviennent surgit celui où je me suis rendue chez elle, dans cette maison de Carrefour-Feuille où elle a habité jusqu’à son départ pour Boston, pour cause de maladie. Elle m’y avait invitée à rencontrer un groupe d’une quinzaine de jeunes fidélisés à ses séances de lecture. Dans la pièce où elle m’accueillit, des livres partout, bien rangés, et j’ai vu là l’influence des connaissances acquises dans la bibliothèque de Pyepoudre.

Michèle Duvivier Pierre-Louis

12 juillet 2023

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Chère Islande

IMG 4493Tu es partie sans que je n'aie l'occasion de te parler à nouveau, ou d'entendre ton rire. Je le regrette. J'aimais discuter avec toi, vraiment, car même dans nos désaccords nous parvenions à trouver une solution intelligente qui faisait sens.

Tu étais une personne entière, dans tes engagements, tes actes, ainsi que dans tes partis pris.

Ton humanité et ta générosité guidaient tes actions. Tu avais une énergie et une volonté hors pair. Je me souviens encore de toi, dansant un rara sous la pluie dans la cour de l'Institut Français à la fin de la parade du Festival Quatre Chemins 2009. Et je savais que tu souffrais des genoux. Mais rien ne pouvait arrêter ton élan.

Nous partagions surtout le goût du livre et de la lecture publique. Tu savais comment guider les jeunes et les conduire d'une main sûre vers ce monde enchanté. Une fois, à la Bibliothèque du Centre Culturel Katherine Dunham (CCKD), des jeunes de 18 ans, très fiers, me montraient le premier livre qu'ils avaient pu lire en entier, un court recueil illustré de la collection Monsieur/Madame. J'ai partagé leur enthousiasme et ta fierté.

Travailler à Martissant aurait pu intimider bien des personnes, mais tu étais prête pour le défi, tu as fait de ton équipe des membres de ta famille. Tu étais dans toutes les réunions familiales, mariage comme enterrement, c'était important pour toi d'être présente. Ta maison était toujours ouverte aux convalescent.e.s, jeunes marié.e.s en quête de logement, ou résident.e.s temporaires.

Je veux te dire Beau passage, et, Lumière en entendant encore résonner à mon oreille, ton rire musical et communicatif.

Avec respect et humilité.

Babette

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P1010294Yon gwo kout doulè pran mwen lè mwen resevwa mesaj lanmò zanmi mwen, kolaboratè mwen, Islande Baptiste. Islande pa te konn sèlman administre. Se te yon pasyone lekti. Yon gran pasyone kilti. Islande te gen kalite mwen pa te janm wè souvan: entèg, egzijan ak tèt li, egzijan ak moun li te ap travay ak yo. Se te yon ekzanp dwati, serye, epi yon moun ki toujou ap konseye, akonpanye, ak anpil plezi. A kote tout sa, se te yon bon zanmi. Islande se yon trezò pou mwen. Islande se te yon kokenn trezò nan domèn atistik la. 

Guy Régis Jr

 

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Je n’ai pas tenu ma promesse, je ne t’ai pas appelée. Par pudeur sans doute, j’avais peur que ce soit la dernière fois, notre dernière fois. Peur de ne pas avoir les mots qui font les dernières fois. Dans la petite équipe du CCKD, nous étions plusieurs à buter contre la même impossibilité, celle de la faillite du langage, de son incapacité à conjurer le malheur. On ne savait pas avec quels mots aller vers toi. Le silence fut notre rempart. 

Face à ton départ qui nous renvoie à notre propre finitude, je voudrais me rappeler de toi comme une professionnelle du livre qui avait foi en la bibliothèque rose, à l'écoute des enfants, des jeunes et moins jeunes du CCKD et de ton quartier. Il y avait comme une forme d’humanisme, une philosophie dans ton dévouement envers eux, nourrie par l'idée que le livre pouvait être une arme de construction massive et de fabrication de l’avenir… Et l’avenir, il faudrait, selon toi, le préparer aujourd’hui avec les enfants…

Le pays, le secteur des bibliothèques perd avec toi l’une de ses plus dévouées professionnelles…

Byen travèse Mme Baptiste…

Stéphane SAINTIL

 

Omane primo« De vous Madame Baptiste, je n'ai que de très bons souvenirs. Des souvenirs remplis de votre joie de vivre et de votre générosité à nul autre pareil. Votre présence était rassurante pour beaucoup d'entre nous. Telle une mère, une "femme poto mitan" auprès des siens. Mon regret vient de ce que je n'ai pas eu le temps de vous témoigner toute l'admiration que j’avais pour cette personne bienveillante et chaleureuse que vous étiez. 

Vous étiez d'une authenticité, d'une simplicité et d'une sensibilité admirables. Pour tout ce que vous nous avez apporté, je veux dire à tous vos proches que vous vivrez dans nos cœurs éternellement. »

Je tiens à exprimer toutes mes condoléances à la famille et aux proches de Madame Baptiste. 

Omane Primo, en mon nom personnel et au nom de Lafanmi Wòklò

 

 Une étoile s’est éteinte…

IMG 8994Quand j’ai appris la mort d’Islande, j’ai trouvé le monde autour de moi étrange. Etrange qu’il continue à fonctionner comme si de rien n’était. Etrange que je doive moi-même me lever, m’habiller, sortir, remplir mes obligations. Etrange de voir les gens rire, s’amuser, poster des statuts sur les réseaux sociaux… Et puis je me suis rendu compte que c’était cela la vie. Ces moments de joie, de tristesse, de colère, d’exaltation. Ces moments où on est plongé dans le quotidien, tout en ayant le regard tourné vers l’à-venir.

Islande chérissait la vie. C’est ce que je retiens d’elle. Quelqu’un qui éclatait de rire en savourant un pot de glace. Quelqu’un qui m’entrainait partout pour suivre différents spectacles. Quelqu’un qui parcourait des kilomètres derrière un « rara » alors même que ses genoux lui faisaient souffrir. Quelqu’un qui aimait voyager à travers ses lectures. Elle déclarait souvent d’ailleurs que les livres lui avaient permis d’explorer plusieurs endroits et d’emmagasiner un tas de connaissances.

Bengie Alcimé

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Islande Baptiste13 jen 2023, mwen rive devan lakay ou mwen frape, pèsonn pa vin louvri. Mwen rele w nan telefòn, ou di « Ginia fè wonn lakou a epi monte ». Moun ki te mennen m nan mande m si se moun sa mwen pral wè a. Li sezi pou jan li tande ou gen yon fòs nan vwa w.

Islande, tu étais cette femme forte qui encourageait tous ceux et toutes celles qui te connaissaient.

Je ne fais pas partie des « Bengie, Christ et Esther » qui étaient très proches de toi. Mais du fait de ton humanisme, j’ai pu bénéficier de ta belle âme. Tu n’hésitais pas à m’appeler pour me demander des nouvelles de ma maman, me conseiller sur la façon de traiter avec ses médecins et ceci, en dépit de la dégradation de ton état de santé.  

Je te remercie de m’avoir permis de te voir et de te serrer dans mes bras une dernière fois. En ce 13 juin, je t’avais demandé de nous attendre (Bengie et moi) pour le mois de juillet et tu m’avais dit « on verra ».

Alors oui, on est en train de voir et de nous souvenir de ta grandeur d’âme, ton courage, ta force de caractère, ton humanisme, ta joie de vivre, ton énergie et surtout ton altruisme.

Ale fè chimen w bel nanm, limyè pou ou !

Ginia Alcimé

 

IMG 8469nIslande travaillait à Martissant avec la première équipe de la bibliothèque Katherine Dunham. Elle a très activement participé à forger ce nouvel univers pour accueillir les lectrices, lecteurs, curieuses et curieux du quartier. Elle dirigeait la bibliothèque comme la femme décidée qu'elle était, avec cette volonté profonde d'ouvrir les portes. Pour que tout le monde se sente le droit d'entrer.

Elle a fait bénéficier les habitants du quartier de son énergie puissante. Sans compter. La bibliothèque a accueilli de nombreux invités, des activités joyeuses et pédagogiques, des centaines d'enfants, et beaucoup d'enthousiasme. Islande et son équipe furent le moteur de cette réussite.

Son départ est une grande tristesse pour chacun d'entre nous. Mais son souvenir restera à nos côtés. Je sens déjà sa mémoire nous souffler de ne pas faiblir, de poursuivre et d'aller de l'avant. Écoutons-la.

Lucie Couet

 

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