Les paysans haïtiens ont lutté pour mettre en place une économie paysanne et résister aux forces qui les poussaient à travailler comme salariés dans les plantations. Les communautés rurales ont imaginé un nouvel ordre politique et social capable de leur donner l’espace nécessaire pour reconstruire leur vie, celles de communautés qui ont souffert et juré de ne plus jamais subir le racisme, la terreur et la constante violence du système des plantations.

Ils voulaient construire leur propre identité dans leur lutte pour l’égalité. La propriété foncière était la base de la liberté économique, mais elle symbolisait aussi la dignité et le pouvoir. C’est la source culturelle de force spirituelle, de résistance, d’imagination et de créativité pour chacun d’entre nous. C’est Ayiti. C’est une question de justice d’investir dans les zones rurales, chez les petits exploitants, comme nous le faisons à FOKAL, et de maintenir en vie ce qui reste de notre communauté rurale. Justice pour cette population qui s’est éreintée à produire le café, qui a payé l’indemnité, la dette et la double dette contractée de force en 1825 pour dédommager les colons propriétaires d’esclaves, tout en maintenant ces populations vitales à la marge.

Notre propre expérience à FOKAL, bien que limitée, est un processus transformateur et continu, d’apprentissage, d’écoute, de partage réciproque. Nous soutenons leur résistance. La lutte contre l’insécurité alimentaire, la promotion de la production locale, la préservation de notre biodiversité et la protection de l’environnement ne peuvent se développer qu’avec des investissements à long terme et en respectant le leadership des communautés paysannes.

Ce que j’invoque avec vous, c’est le véritable esprit d’Ayiti l’esprit de liberté, de solidarité entre et avec ceux qui souffrent, l’esprit de compréhension mutuelle et d’engagement honnête. L’esprit de résistance. L’esprit qui peut éclairer notre chemin et comme l’a dit le grand poète Aimé Césaire, nous donner la force de regarder demain. Fòs pou nou gade demen.

Michèle D. Pierre-Louis

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